La Vierge et ses déesses

Art par Autumn Skye: My Body, my Temple

Art par Autumn Skye: My Body, my Temple

Entière. 

Complète. 

Une.


Autonome. 

Consciencieuse. 

Dévouée.


La Vierge...


Prêtresse de la Vie.

Gardienne du feu sacré.

Protectrice des rites anciens.


L’archétype de la Vierge est plus communément lié à celui de la grande prêtresse...

Mais également celui de la matriarche respectée et de la gardienne des traditions.


J’avais envie d’explorer avec vous, belle communauté OUITCH, les origines de cet archétype, cette passionnante histoire que nous avons oubliée, ainsi que les déesses anciennes qui incarnaient l’énergie de la Vierge!

La Vierge Marie est un premier exemple très parlant pour nous, car la plupart des gens connaissent son histoire. Elle est appelée ainsi car nous racontons que l’enfant Jésus a été conçu par l’intervention divine du Saint-Esprit, et donc sans qu’elle ait encore eu de relation sexuelle. Il s’agit de la théorie de la conception virginale. L’archange Gabriel est apparu à Marie en lui annonçant que Dieu l’avait choisie, «bénie entre toutes les femmes», pour enfanter le fils de Dieu comme cadeau d’amour à l’humanité. Bien que sous le choc, Marie accepta la volonté de Dieu, forte de sa foi inébranlable en lui.

Beaucoup de gens à travers les âges ont réfuté cette histoire, remettant notamment en question l'honnêteté de Marie et affirmant que la naissance de Jésus en était une illégitime, résultat d’un adultère. Son mari, Joseph, avec qui elle n’avait effectivement jamais couché (et ne couchera jamais, selon certaines croyances), a toutefois choisi de la croire envers et contre tous, au nom de Dieu. Ici, on peut comprendre que la Sainte-Vierge et Saint-Joseph représentent tous les deux l’union parfaite entre le féminin divin et le masculin divin. Il règne dans cette alliance beaucoup de confiance, de soutien, d’acceptation, de protection et aucune once de contrôle, ce que plusieurs personnes ont du mal à comprendre!

Dans un prochain texte, je compte d’ailleurs vous parler du masculin divin, des lourds préjugés l’entourant et l’empêchant de pleinement s’incarner sur Terre.

Pour continuer, il est intéressant de creuser davantage la question de la symbolique, puisque les textes sacrés ne sont habituellement pas à prendre au premier degré. Est-ce que le mot «vierge» signifie vraiment juste cela, où y a-t-il des messages plus subtils qui se cachent derrière?

La symbolique de la Vierge renvoie effectivement à plusieurs éléments assez communs dans l’histoire et les mythologies:

  • Celle qui conçoit/entreprend de manière indépendante.

  • Celle au pouvoir créateur entier. 

  • Celle à l’amour inconditionnel.

  • Celle qui offre son corps au divin.

  • Celle au dévouement sans limites pour la vie.

  • Celle à la confiance ancrée et lucide.

  • Celle dont l’intégrité est indéniable.

La grande prêtresse a pour principale mission de nourrir et de protéger le feu sacré.

Si on revient à l’histoire chrétienne, le sacré cœur représente l’amour infini et brûlant de Jésus pour Dieu comme celui de Dieu pour l’humanité. Symbolisé par un cœur enflammé, cet amour est souvent comparé à un feu : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Luc 12, 49)

Nous retrouvons donc ce feu sacré protégé par la Vierge Marie comme grande prêtresse à la foi inébranlable et ancrée dans la chair. Dieu qui lui a «donné» ce fils miraculeusement, le lui a enlevé aussi subitement. Malgré la peine et la souffrance vécues, elle continue de cultiver un amour intact pour Dieu.

En chaque personne réside cet archétype de la grande prêtresse, au pouvoir créateur immense, portant une confiance innée en la vie et cultivant un dévouement entier pour ce qui lui importe le plus, la flamme qui brûle en elle. Cette dernière pouvant prendre toutes sortes de formes: croyances, passions, rituels, projets, famille!

Avant la Vierge Marie, il y eut toutefois bien des déesses anciennes qui ont été vénérées pour des attributs semblables. Marie a été mise de l’avant plus tard dans le Christianisme, notamment afin de rendre cette religion plus attirante pour le peuple romain et ainsi assurer son expansion. Sous cette même figure, on a pu réunir des déesses vierges comme Artémis et Athéna, mais aussi les déesses mères comme Déméter et Isis, cette dernière étant une déesse égyptienne qui était aussi respectée à Rome.

Pour la suite de ce texte, je vais plutôt aborder deux anciennes déesses vierges ayant spécifiquement revêtu l’archétype de la grande prêtresse.

Crédit photo: source inconnue

Crédit photo: source inconnue


Hestia - Grèce antique

Hestia, mot grec signifiant «foyer», endroit où est entretenu le feu.

Hestia est la déesse de la famille, du foyer et du feu sacré en Grèce antique.

On la décrit comme étant l’aînée des divinités de l’Olympe, vierge et impartiale. Ce statut d’aînée lui confère un aura de respectabilité et d’autorité inégalable, ce qui est notable pour une déesse de la mythologie grecque.

Hestia est la protectrice de la paix au foyer et dans la cité. Elle n'intervient donc pas dans les querelles entre ses frères et sœurs, dieux et déesses. Gardienne du feu sacrée, elle se dédie entièrement à ce devoir qu’elle s’est donné et reste de manière perpétuelle sur le mont Olympe. Il n'existe pratiquement aucun mythe à son sujet! Souhaitant se dévouer entièrement à son rôle, et ne voulant pas prendre parti, elle jura de rester vierge à tout jamais. Elle figure parmi les rares déesses grecques qui tiennent cet engagement, les deux autres étant Athéna et Artémis. Pour lui exprimer sa reconnaissance, Zeus lui accorde le privilège d’être honorée dans tous les temples et les maisons d’humains.

Hestia était donc omniprésente dans la vie quotidienne. Bien qu’elle n’était pas au centre de rituels très élaborés, on peut tout de même dire que c’était une des déesses les plus vénérées au quotidien, si ce n’est la plus vénérée! En Grèce antique, il y avait des foyers présents un peu partout dans la cité, dont le foyer public sacré, nommé prytanée soit «présidence» en grec, et les foyers domestiques. Ces foyers étaient au centre de toutes les activités. Des offrandes rituelles y étaient jetées au quotidien et avant toute autre offrande. Entretenir le feu sacré était symboliquement une offrande à Hestia, une offrande à la paix et à la protection de la permanence de la cité. 

Fait intéressant, la flamme olympique originelle, symbolisant la paix durant les jeux olympiques est issue du feu qui brûlait dans l’autel d’Hestia au Prytanée d’Olympie

Vesta - Rome antique

Au travers de l’histoire des conquêtes et de l’expansion de l’empire romain, la mythologie romaine s’est construite grâce à l’influence des croyances de différentes régions: la Grèce, l’Égypte, la Syrie, la Gaule…

On dit donc que Vesta est l’équivalent romain de la déesse grecque Hestia. Tout comme cette dernière, elle est la protectrice du feu sacré et du foyer, mais aussi par extension, de la famille et de la maison. Pour les romains, ce foyer faisait toutefois référence spécifiquement au foyer public, celui du peuple romain. Les foyers domestiques étaient quant à eux associés à d’autres divinités. 

Il n’en demeure pas moins que Vesta était grandement vénérée des femmes et matrones, celles responsables de l’entretien du foyer familial! Puisque Vesta veille au foyer public, elle est surnommée «Mater», la Mère. Elle est représentée comme une femme sage habillée sobrement, et revêt un rôle très important pour toute la population romaine. Son culte est central à Rome. «Focus» est d’ailleurs le mot latin pour «foyer»!

Étant considérée comme une mère, Vesta n’est pas vierge mais plutôt chaste. À Rome, le feu sacré symbolise l’organe viril. Considérée comme l’épouse du Dieu feu qui aurait disparu, elle est devenue la grande prêtresse de ce feu perpétuel qu’elle protège et nourrit.

Le feu divin étant décrit comme un «mari jaloux», il exige une entière dévotion de celles qui l’entretiennent au quotidien. Ainsi, bien que la virginité ne soit pas un attribut de Vesta, elle est un engagement auquel les Vestales - les prêtresses qui se dédient exclusivement à son culte - doivent se soumettre. Ces dernières faisaient partie des figures les plus respectées de la Rome antique. Le culte de Vesta était le seul à disposer de prêtresses vierges recrutées dès l’enfance pour maintenir le feu du temple qui lui était dédié.

----

L’archétype de la grande prêtresse en est définitivement un passionnant! Il nous remémore que l’entretien du feu était à l’origine un art féminin! Le feu est un élément que nous gagnerions à nous réapproprier et à maîtriser de nouveau. Comme le tambour, il est un outil puissant de transformation et de connexion à notre âme! Il peut nous amener à cultiver une plus grande confiance, conviction et dévouement face à nos plus grandes aspirations.

----

Enfin, en cette saison de la Vierge, il pourrait être intéressant d’observer comment nous tenons l’espace dans notre foyer et autour de quoi nous articulons notre vie. De par sa dévotion et sa pleine conscience, la grande prêtresse nous enseigne comment construire et entretenir notre foyer, notre paix d’esprit. Avec la saison froide qui approche en douceur, nous sommes naturellement appelé.e.s à revenir dans nos intérieurs spirituels et physiques, à nous installer et nous organiser efficacement. Toutefois, le recueillement de l’hiver n’est optimal que si nous avons su prévoir les choses en conséquence. Ainsi, demandons-nous quels sont les rituels qui nourrissent notre feu sacré et qui nous apportent paix et clarté. La Vierge nous montre que nous sommes entières. Que nous méritons de nous incarner dans notre propre autorité, notre entière autonomie et notre indépendance. La Vierge l’est par choix. C’est une personne dans son pouvoir, totalement maître d’elle-même et pleine de ressources qu’elle partage en étant de service.

Elham Hajam

Fille de neige et de désert,

Les tempêtes me traversent sans me déraciner,

Je porte en mon sein la vérité du Nord,

L'abondance du Sud à mes pieds,

Je trouve refuge sur l'île de mes ancêtres,

N'hésitant pas à plonger dans mes profondeurs,

Dévoilant la flamme singulière qui m'anime,

Aux grands vents qui jamais ne l'éteindront,

Je vois,

Je sens,

Je reconnais ce chemin qui se dévoile à chacun de mes pas,

Je suis là pour inspirer.

@muse.iris

https://www.instagram.com/muse.iris/
Next
Next

Cultiver la JOIE