Potions, élixirs et décoctions ; les multiples modes d’utilisation des plantes médicinales
Le monde de l’herboristerie en est un de multiples possibilités! En effet, réduire l’utilisation des plantes médicinales à la consommation de tisanes ne tient pas la route. Il existe plein de manières d’utiliser les fleurs qui nous entourent. Afin de s’y retrouver, se baser sur certains critères et notre ressenti, peut nous outiller afin de transformer lesdites plantes adéquatement.
Je vous présente donc quelques manières funky de transformer le fruit de vos cueillettes en plein de types de potions différentes + quelques recommandations afin de le faire de manière optimale!
À noter que l’expérimentation intuitive est aussi une manière chouette d’apprendre. Il est toutefois VRAIMENT important de s’assurer d’avoir accès aux informations nécessaires concernant la possible toxicité des plantes utilisées et les risques y étant associés. Faire attention au développement des moisissures et des risques de contamination est aussi super important (on stérilise toujours tous les objets utilisés et on travaille sur des surfaces hyper propres).
Un doux mélange de connaissances et d’intuition, c’est sûrement la première recette à retenir mes très chères !
Questions à se poser afin de guider nos choix de mode de transformation.
Tu as en ta possession une certaine quantité de plantes, voici quelques recommandations afin de te guider dans ton choix et ton processus de transfo :
Est-ce que cette plante gagne à être utilisée sèche ou fraîche? Le choix d’une plante sèche ou fraîche va orienter la quantité utilisée et la manière de le faire. De plus, certaines plantes perdent beaucoup de leur pouvoir lorsqu’elles sont séchées (millepertuis entre autres). Il est donc plus convenable de les utiliser lorsqu’elles sont fraîches. Tu peux facilement trouver ces informations dans les bonnes monographies de plantes.
Quelles sont les propriétés médicinales et, par le fait même, les molécules que nous voulons extraire? Cibler l’impact que nous voulons atteindre peut être intéressant. Une infusion de sauge bue chaude peut avoir un effet différent que celui d’une infusion froide, par exemple. De plus, concernant les effets provoqués par les composantes phytochimiques, nous pouvons nous questionner à savoir si ces composantes sont hydrosolubles (extraites plus facilement dans l’eau) ou liposolubles (extraites plus facilement dans une matière grasse). La mauve, par exemple, contient des mucilages qui sont extraits plus efficacement dans l’eau. On utilise donc rarement des préparations à base d’alcool afin d’aller extraire ses propriétés.
Quelles sont les parties de la plante que je vais utiliser? La partie sélectionnée peut nous guider concernant le processus de transformation à respecter. Par exemple, si je veux utiliser les racines dans une teinture mère, il est conseillé d’utiliser un solvant à haute teneur en alcool afin d’aller extraire adéquatement les propriétés ciblées.
Combien de temps aimerais-je être en mesure d’utiliser les potions préparées? Les sirops ont une espérance de vie de six mois tandis que les teintures mères peuvent être consommables jusqu’à quatre ans après leur fabrication. On dit aussi qu’une fleur bien séchée et bien entreposée garde une quantité de principes actifs un an après la période de séchage.
Potions, macérations, teintures et plus encore!
Infusion, décoction : Je vais passer brièvement sur cette manière de consommer les plantes, car il y a déjà beaucoup d’informations à ce sujet sur le net, mais j’ai envie de te dire que si tu ne sais pas quoi faire avec tes restants de tisane, tu peux les donner à tes plantes, les ajouter à l’eau de ton bain ou les utiliser comme après shampoing ou eau de rinçage pour le visage! Pas de gaspillage floral!
Teinturemère : La teinture mère est une préparation de plante fraîche ou séchée qui va macérer dans un volume d’alcool pendant une période donnée pour ensuite être filtrée. C’est selon moi la préparation la plus pratique et efficace!
On met donc les végétaux dans un bocal en verre qu’on remplit par la suite d’alcool d’une teneur d’au moins 40% ou de vinaigre de cidre de pomme biologique. L’alcool serait plus adéquat pour extraire les tanins tandis que le vinaigre extrait bien les vitamines et minéraux. Le ratio de plantes vs la quantité d’alcool ou de vinaigre varie selon la fleur utilisée.
Les plantes se doivent d’être bien submergées. Certains vont mettre un poids sur la masse florale afin d’être certains de respecter ce principe. On brasse ensuite ce mélange aux deux-trois jours et on laisse macérer le reste du temps. Après une période de généralement un mois, on filtre le tout et on garde seulement le liquide infusé. On laisse décanter (peut-être même faire un deuxième filtrage au besoin) et on entrepose le tout dans des bouteilles de verre ambré, à l’abri de la lumière en identifiant bien notre préparation.
Consommation : La teinture mère est généralement consommée en interne par voie orale, mais peut être ajoutée à nos bains ou à certaines compresses.
Durée de conservation : 3-4 ans.
Miel infusé : Le miel médicinal est utilisé depuis des milliers d’années. En effet, les Égyptiens et les Grecs avaient l’habitude de s’en servir afin de soigner certains maux. Le miel est en mesure d’extraire certaines composantes des plantes en plus d’être à la base antiseptique, vulnéraire et rempli de vitamines et minéraux! La marche à suivre est simple : on remplit un bocal de la plante qu’on veut faire infuser (les conifères tel le sapin s’y prêtent super bien) et on recouvre le tout de miel. On brasse le mélange afin de faire disparaître les bulles d’air, on s’assure que les plantes sont bien recouvertes de miel et on referme le couvercle pour laisser notre potion macérer pour une durée d’un mois à l’abri de la lumière. On finit par filtrer et on entrepose dans un bocal propre. Yeah!
Consommation : on l’utilise en interne en le mettant simplement partout!
Durée de conservation : La durée de conservation du miel est une thématique ou plusieurs opinions semblent cohabiter. De toute manière, les miels médicinaux sont souvent assez vite consommés! Pas trop besoin de se forcer afin de consommer le tout dans les 6 mois suivant la transformation. Utiliser des plantes séchées réduit les risques de contamination, car les plantes fraîches contiennent une plus grande proportion d’eau. Plus d’eau = plus de chance de présence de moisissure.
Oxymel : Une autre préparation datant des temps anciens. L’oxymel est un mélange de vinaigre et de miel infusé de plantes médicinales. Le vinaigre bio et le miel étant déjà bénéfiques pour le corps, imagine lorsqu’on les mélange et qu’on y ajoute des plantes! Il existe plusieurs recettes afin de créer cet élixir herbal, je te propose ici celle qui me paraît la plus simple. On calcule un 2/3 de vinaigre pour environ 1/3 gr de miel. On choisit les plantes qu’on veut y incorporer (ail, romarin, thym, clou de girofle, menthe, etc). On mélange tous ces ingrédients dans un contenant propre qu’on ferme bien et qu’on entrepose à l’abri de la lumière pour une durée de deux semaines. On brasse, de temps en temps, et on filtre en gardant seulement le liquide qu’on met dans une bouteille bien identifiée! Tadam!
Consommation : on l’utilise en interne par voie orale; à prendre au besoin!
Durée de conservation : Se conserve six mois. À réfrigérer après ouverture.
Vins médicinaux : Une autre manière d’utiliser les plantes médicinales qui a été un peu mise de côté. Pourtant, le vin avec sa teneur en alcool et en eau peut venir extraire une gamme intéressante de composantes. Encore là, le principe de macération entre en jeu. On submerge une certaine quantité de plantes dans du vin biologique de qualité qu’on laisse à l’abri de la lumière pour une durée de deux semaines. On filtre ensuite le tout et on embouteille le vin rendu magique dans un contenant fermé au frigo.
Consommation : On peut en prendre un petit verre avant ou après les repas afin de faciliter la digestion ou nous donner du pep! Il est fortement déconseillé de descendre la bouteille en une seule soirée. En effet, ce produit reste un produit contenant une quantité concentrée de principes actifs.
Durée de conservation : Il est dit que les vins médicinaux peuvent se conserver quelques mois lorsque réfrigérés. Certains y ajoutent du miel ou même parfois une petite quantité d’alcool fort afin de stabiliser le produit.
Bains de pieds et de mains : Les bains de pieds et de mains font partie des méthodes un peu oubliées. Maurice Mességué, grand herboriste français, a remis au goût du jour ce type de préparation qui convient super bien aux gens avec une digestion plus fragile. En effet, la peau est en mesure d’absorber adéquatement les propriétés des plantes et lorsque notre système digestif est poreux ou endommagé, cela peut être une vraie belle alternative. La marche à suivre est encore super simple. Il suffit de réaliser une décoction concentrée de la plante choisie, de la laisser refroidir et de la diluer dans un volume donné d’eau. On y laisse tremper nos pieds et/ou nos mains pour une durée d’environ 20 min. À répéter selon le traitement prescrit. Et voilà!
Élixirs floraux : Les élixirs sont de vraies préparations magiques! Je te propose d’aller voir l’article que j’ai écrit à ce sujet et de lire l’article de ?? qui vient de sortir concernant cette médecine magique!
Ceci est seulement un bref survol des méthodes de transformations des plantes médicinales. Renseigne-toi sur comment tu peux utiliser tes fleurs dans tes repas, comme insecticide naturel ou à travers la fabrication de cosmétique!
Rien de ce qui est énoncé ici ne remplace un avis médical.
Se renseigner adéquatement dans des ouvrages de référence ou auprès d’herboristes certifiés avant de consommer quoi que ce soit est top recommandé.
Références
Schneider Anny, Laberge Danielle. Ces fleurs qui soignent. Éditions Publistar, 2007, 296 p.
Schneider Anny. Plantes Sauvages médicinales, les reconnaître, les cueillir, les utiliser. Les Éditions de l'homme, 1999, 304 p.
Mountain rose Herbes. https://blog.mountainroseherbs.com/Herbal-Oxymel. En ligne. 2020.
