Ce silence qui tue

Nous souhaitons aborder aujourd’hui un sujet qui peut être inconfortable pour certaines personnes, mais qui est encore aujourd’hui déconsidéré et pourtant ô combien important. Nous ne l’avons presque pas vu être nommé et discuté au sein de la communauté spirituelle occidentale francophone, et nous trouvons essentiel d’élever notre voix.

Nous avons mis un moment avant de vous arriver avec cette publication, parce que nous tenions vraiment à prendre le temps de recevoir cette terrible nouvelle qui fut annoncée dans les médias québécois et canadiens en mai dernier : la découverte de 215 corps d’enfants autochtones dans une fosse commune près d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops en Colombie-Britannique.

Pour bien comprendre le tout, car nous savons que plusieurs OUITCH vivent en Europe, il est important de se remémorer le contexte historique du pays avant la colonisation. Le Canada (ainsi que les États-Unis d’ailleurs), avant d’être colonisé par la France et l’Angleterre, constituait un grand territoire occupé par plus de 630 communautés différentes des Premières Nations, des Inuits et des Métis. 

À l’heure actuelle, ces trois groupes autochtones représentent 4.9% de la population canadienne.

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Petit aparté: 

À noter que le bon terme pour parler de ces peuples est bel et bien « autochtones », ou encore mieux, le nom spécifique des autochtones en question, soit celui qu’ils se sont eux-mêmes donné. Reconnaître leurs identités spécifiques et apprendre le nom des différents groupes autochtones sur notre territoire est essentiel lorsqu’on souhaite discuter de ce sujet avec conscience et bienveillance. On ne dit pas « indiens », « indiens d’Amérique » ou « amérindiens » pour parler des autochtones de manière générale, ni « esquimaux » pour parler des Inuits. 

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Dans les livres d’histoire, la vérité est encore à ce jour manipulée et les horreurs perpétrées, tenues sous silence. Nous commençons à peine à reconnaître l’ampleur de ce génocide des autochtones, du début de la colonisation jusqu’à beaucoup plus tard, sous l’autorité fédérale canadienne. Les pensionnats autochtones commencent tout doucement à être abordés dans les cours d’histoire de nos écoles, mais nous ne semblons toujours pas réaliser ce que cela signifie concrètement en termes de violences, d’injustices et de traumas intergénérationnels pour les autochtones du Canada. La découverte de cette première fosse commune a choqué l’imaginaire collectif, bien que réalistement elle ne risque pas d’être la dernière. 

Il est important de regarder les choses en face: un génocide est bien PLUS que culturel.

En effet, la colonisation a nécessairement comme objectif premier, l'accaparement et le contrôle du territoire ainsi que de ses habitants. Le mécanisme est pratiquement toujours le même: l’anéantissement des langues et des traditions pour finalement éradiquer la culture associée au territoire colonisé, afin d’en assurer l’appropriation complète.

L’outil principal de ce génocide colonial au Canada fut l’évangélisation, puis plus tard les structures organisées qu’étaient les pensionnats. Ces derniers ont été érigés dans le but affirmé de « tuer l’indien dans l’enfant ». Les enfants autochtones furent donc séparés violemment de leur famille, sans consentement ni avertissement, afin d’être scolarisés dans ces pensionnats, c’est-à-dire évangélisés et assimilés à tout prix. Le prix d’une violence sans nom attaquant le corps, le mental et l’esprit: violences psychologiques (dont l’isolement et la déconnexion culturelle), violences physiques (dont la malnutrition, la brutalité et le travail forcé), violences sexuelles, disparitions, assassinats... Les pensionnats, 133 pour être exact, furent actifs du début des années 1820 à 1996.

Beaucoup d’articles et de documentaires sont disponibles sur le web, portant sur les autochtones du Québec et du Canada, et les impacts de la colonisation. Si vous souhaitez vous informer sur le sujet, nous vous recommandons vivement d’entendre leurs histoires racontées dans leurs propres mots. 

L’ONU presse actuellement le gouvernement du Canada d’enquêter sur les décès d’enfants autochtones et de mener les fouilles nécessaires pour retrouver tous ceux qui ont été portés disparus. Il est question de milliers d’enfants.

Ce sujet est important d’un point de vue humanitaire, car il n’est plus possible de faire perdurer ce silence qui est tout aussi violent que les actes perpétrés.

Il est aussi important d’un point de vue spirituel, car les enseignements autochtones ont nourri, pour plusieurs personnes, leur reconnexion à la nature et leur découverte de la spiritualité. La sagesse et les médecines autochtones sont largement diffusées à travers le monde, et souvent appropriées, sans véritablement mettre de l’avant les voix de ceux qui en ont assuré la préservation au risque de leur vie.

Les autochtones ont protégé malgré tout cette spiritualité, car c’était la seule chose qui leur restait dans toute cette violence et ces déchirements. Cette conviction intime d’appartenir à cette Terre et d’en être les gardiens.

Nous souhaitons que la communauté OUITCH se sensibilise à ces questions, car il n’est plus possible d’entretenir un lien aveugle avec les sagesses autochtones. Même avec toute la bienveillance et l’admiration du monde, nous ne pouvons plus nous approprier leurs savoirs. Nous devons faire mieux, en nous éduquant sur ces traditions et leur histoire, soit comment elles nous sont accessibles aujourd’hui.

En cette journée nationale des peuples Autochtones, ainsi que tous les autres jours, élevons nos voix et partageons l’information autour de nous!

L’équipe OUITCH

Elham Hajam

Fille de neige et de désert,

Les tempêtes me traversent sans me déraciner,

Je porte en mon sein la vérité du Nord,

L'abondance du Sud à mes pieds,

Je trouve refuge sur l'île de mes ancêtres,

N'hésitant pas à plonger dans mes profondeurs,

Dévoilant la flamme singulière qui m'anime,

Aux grands vents qui jamais ne l'éteindront,

Je vois,

Je sens,

Je reconnais ce chemin qui se dévoile à chacun de mes pas,

Je suis là pour inspirer.

@muse.iris

https://www.instagram.com/muse.iris/
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